HDR, La photo numérique entre hyperréalisme et ultraréalisme

Bill O'leary - The Washington Post

 

La photo numérique se différencie de plus en plus de l’argentique. Le codage et le calcul qui remplacent la trace physico-chimique ouvrent la voie à une infinité de manipulations de l’image et à l’hybridation, et donc à de nouvelles formes de création parmi lesquelles les photos (et videos) HDR (High Dynamic Range Imaging). Si la technique n’est pas si nouvelle, la photo en Une du Washington Post en janvier 2012 a beaucoup fait parler parce que ce type d’image questionne la réalité et le rapport à l’information : Un pont, un soleil couchant…des couleurs et des ombres non cohérentes, ou plutôt  non conformes à celles qu’aurait perçu notre œil, au delà de ses capacités physiologiques. Trucage ? comme l’ont dit certains, recomposition de la réalité ? comme le fait d’ailleurs notre cerveau… Hyperréalisme ? Ultraréalisme ?

Hyperréalisme par le constat des formes et leur précision, la mise en valeur de l’objet et de sa structure, de ses détails, par l’importance de la technique et la faible charge affective. Si, en objectivant le sujet, l’hyperréalisme (US photorealism) des années soixante introduisait un doute sur la peinture (ne serait-elle pas une photo ?), c’est le doute sur la photo qu’introduit cette technique numérique. Pourrait-elle être une peinture ? ou un décor de jeu vidéo ?  Le cousinage n’est pas le fait du hasard. La technique HDR a en effet été développée pour la création d’images générées par ordinateur. Couleurs, lumières, textures, 3D, font que l’image de l’objet pourtant réel confine à un ultraréalisme imitation de la réalité, d’où cette impression d’irréel, conséquence de l’hybridation réel-virtuel.

La valeur informative de telles images ne semble pas évidente, d’ailleurs le sujet choisi par le Washpost et illustré au moyen de cette technique est relatif à la mémoire d’un accident aérien, ce qui n’est pas en soit une information et peut justifier d’un traitement distancié ; mais elles peuvent être utilisées pour renforcer l’intensité dramatique et/ou poétique de la photo et agissent sur notre distance au monde et donc sur la perception que nous en avons. Avec un appareil disposant d’un bon bracketing, et avec un  logiciel comme Photomatix, Photoshop, HDREngine, ou quelques logiciels gratuits et un tutoriel, chacun a désormais le loisir de créer son propre univers. Des groupes et des galeries en offrent de nombreux exemples ici ou .

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