Le corps prothésé de Stelarc à Oscar Pistorius

Oscar Pistorius au JO de londres 20122012, Londres, Oscar Pistorius participe aux JO paralympiques, mais il est aussi le premier homme prothésé qui ait été autorisé à courir avec les valides. Cet événement qui a finalement suscité peu de débats sera-t-il le signe d’un basculement ? Pourra-t-on tenir longtemps à distance les possibilités de transformations du corps par le numérique et les technologies en général ? Le corps dans son intégrité anatomique sera-t-il encore longtemps référence obligatoire ?

Avant était la finitude du corps. Mais les transfusions, les greffes, la chirurgie esthétique, l’implantation de prothèses biomécaniques, électroniques, et désormais la possibilité de les programmer, permettent réparation, mais aussi amplification  du corps… sans oublier les perspectives de « design génétique ».

Ces innovations rencontrent une idée du corps présente dans la civilisation occidentale. Pour certains, dans le meilleur des cas, le corps est obsolète. Ayant peu changé depuis le néolithique, il est incapable d’assimiler et d’utiliser la masse d’informations accumulée depuis les temps (et ça ne risque pas de s’améliorer avec le numérique) et de moins en moins compétitif face aux machines. Il faut donc le prothéser voire externaliser certaines de ses fonctions. Des artistes parmi les plus connus se sont emparés de la question :

Stelarc - suspensions
Stelarc : « Suspensions » sur http://natatattt.blogspot.fr/2011/05/stelarc.html
Stelarc - third hand
Stelarc : « Third hand » sur //sciencegallery.com/

 

 

 

 

 

 

C’est Orlan qui revendique le droit de rejeter son héritage génétique et de modifier son corps par des implants et des interventions chirurgicales. C’est Stelarc, plasticien australien qui radicalise l’obsolescence du corps réduit à une structure dans sa série suspensions dans les années 70 et qui le dote de prothèses technologiques comme dans the third hand, pas des prothèses réparatrices, mais de celles qui augmentent le corps.

Alors, au moment où l’Homme approche de ses performances maximales, résistera-t-on longtemps à l’usage de prothèses biomécaniques, électroniques ou numériques ?

La présence d’Oscar Pistorius sur la ligne de départ d’une course de « valides » engage la réflexion sur le degré d’acceptabilité d’hommes ou de femmes prothésés augmentés. Si l’on a pu considérer que les prothèses de Pistorius comblent son handicap, que dirait-on si elles lui conféraient un avantage ? Homme réparé ou homme augmenté ? Evidemment l’acceptabilité est plus forte dans le cas d’un athlète qui présente un handicap, ce qui permet de déplacer le problème d’éthique sportive qui se poserait dans le cas d’un athlète valide prothésé. En décrivant avec humour des athlètes réparés dont les performances dans le stade des re-corps rendent envieux les valides qui n’ont pu bénéficier des mêmes prothèses, l’excellent (et un peu provocateur) article de Jean-Christophe Rufin dans Le Monde pose la question : Le handicap deviendra-t-il la porte d’accès vers l’homme augmenté ?

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