La photo numérique et ses avatars computationnels, le déplacement du moment artistique

L’été est propice à la multiplication des prises de vues, mais à observer les usages du plus grand nombre, la photo numérique est encore le plus souvent perçue comme une nouvelle façon de faire les mêmes photos qu’avant, en plus grand nombre, avec une possibilité de résultat et de choix instantanés et à coût quasi-nul. Mais ce qui fait que la photo numérique s’éloigne de plus en plus de l’argentique, c’est le traitement computationnel de l’image, ensemble de processus qui associent appareil de prise de vue et ordinateur et qui sont déjà classiques pour le recadrage, les corrections, les modifications ou le collage par exemple.

Mais puisque l’on peut coder avec le même langage l’exposition, l’ouverture, le mouvement, la direction de la lumière, la longueur d’onde, le temps et l’espace, on ouvre encore bien plus grand le champ des possibles. Quelque part entre optique, électronique et traitement de signal, entre art et document, entre image,  photo et vidéo, entre  album personnel et réseaux sociaux, la photographie numérique et ses avatars computationnels changent la place et la nature de l’image. Ils offrent la possibilité de nouvelles formes de création encore largement inexploitées.

On avait déjà pointé de nouvelles formes avec les photos HDR. Mais la photo peut aussi être interactive et immersive (voir la photo du serment d’Obama ou la vue de Paris par exemple). Aujourd’hui, des appareils à champ de lumière permettent l’obtention d’images dans lesquelles on peut voyager dans la profondeur du champ. Le point de vue ne peut plus être totalement imposé par l’auteur puisque plusieurs sont possibles. Il suffit de cliquer ou double cliquer sur les différents plans.  – Voir ci-contre (ou d’autres exemples là) –

Light field camera

Et pourquoi ne pas créer des scènes composites ou synthétiques en combinant plusieurs photos selon des algorithmes respectant leur forme et leur sémantique ? Essayez Scene Completion ! Bien d’autres potentialités restent à explorer : Le cinemagraph, combinaison photo-video, mais aussi la photo haute vitesse…et l’image au travers du mur (around the corner), …au sujet desquelles on pourra trouver quelques infos sur le site du MIT.

Bref, le numérique, c’est une révolution de l’image. Celle-ci n’est plus un point de vue unique et n’est plus forcément le résultat de l’alignement œil-appareil-objet. La prise de vue souvent considérée (cf Cartier-Bresson) comme le « moment artistique » de la photo (à l’exception de quelques artistes pour lesquels ce moment était celui du laboratoire) passe au second plan. Ce moment, c’est le traitement computationnel de l’image.

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