Natural / Digital, Art numérique chez Accenture

Du 4 au 8 mai 2012 au siège social d’Accenture (sur invitation) Immersions digitales 2éme édition devrait mettre en évidence des perspectives ouvertes sur et par les relations monde vivant – monde digital au travers d’une ample sélection d’œuvres numériques variées, interactives, collaboratives, participatives, qui devraient montrer les connexions intimes entre les deux mondes.

Pourquoi tant de proximité ?

Si l’ADN biologique code l’infini des possibilités du vivant, structures, fonctionnements et scénarios complexes, le codage numérique est lui, sur un autre support bien sûr, transversal et dépasse les limites du vivant. Il sert de véhicule pour toutes sortes de données : Structures, formes, fonctionnements et scénarios incluant images, sons, mouvements, …et toutes les caractéristiques d’une situation donnée jusqu’à certains affects. Toutes les caractéristiques d’une entité, vivante ou non, celles d’un comportement deviennent code, phénomènes électriques, ensemble de données, système informationnel, kit d’information. Dès lors la frontière entre les mondes, entre le vivant et le minéral, entre les corps et les objets s’efface puisque tout est régi par les mêmes unités. Comparable à l’ADN biologique, cet ADN numérique s’exprime dans des réalisations qui peuvent s’actualiser en temps réel, il peut être transmis à distance et il offre une fluidité sans pareille puisque modifiable instantanément bit par bit, pixel par pixel.

Et l’art numérique dans tout ça ?

Il prend acte de ces progrès technologiques, met en évidence les connexions, les complémentarités entre vivant et non vivant, réel et virtuel, et il analyse et questionne les grands enjeux en produisant des œuvres qui sont construites autour de quelques grands principes qui découlent des propriétés du numérique énoncées plus haut et qui sont le plus souvent combinés. Pour les plus importants :

La simulation : Pas au sens de l’imitation ou de la reproduction comme elles existent depuis toujours, mais au sens de celle qui reconstruit le réel, formes ou comportements, dans leur aspect visible ou non, dans leur devenir virtuel au cours de l’interaction avec le visiteur lors de l’expérience proposée (Fractal Flowers, Dandelion…) ;

L’hybridation d’éléments du monde réel et de mondes virtuels, leur mixage ou leur organisation qui les fait passer de la contigüité à la continuité (Phonofolium, L’arbre et son ombre, Lotus 7.0…);A noter le cas particulier du bio-art ou de l’art transgénique qui propose des hybridations d’ADN d’espèces différentes (On se souvient du GFP Bunny/Alba d’Eduardo Kac) ;

La génération programmée, à partir du flux qui permet de composer-recomposer, d’actualiser images, textes ou vidéos dans  les conditions programmées à partir d’Internet (ou de banques de données) ou/et à partir du calcul qui permet d’inventer et de générer écrits, formes, dessins, sculptures, en 2D comme en 3D (sculptures inhumaines, Streetview Patchwork, Uishet…) ;

L’intelligence artificielle qui cherche à autonomiser l’entité créée en développant ses capacités d’apprentissage ;

L’incontournable interaction et l’immersion présentes à des degrés divers dans un très grand nombre d’œuvres numériques, et qui superposent ou hybrident les perceptions du modèle virtuel et celles du corps qui interagit dans l’espace réel qui lui est offert, celle du désormais spect’acteur.

Quels enjeux dans cette proximité, cette complémentarité établie entre la nature et le digital ?

Bien sûr des enjeux en matière technologique, hybridation du vivant et du numérique, actions sur le milieu et l’environnement, que mettent en évidence certains designers (voir Lehanneur ou Jacob+Macfarlane) ; mais aussi un enjeu plus large : Le codage du vivant et de ses comportements entraîne évidemment sa réification et affaiblit la distinction d’avec la machine. La mise en parallèle des algorithmes génétiques et informatiques questionne les limites du vivant. La mise à jour des processus et des structures intimes, leur dépliage, éventuellement jusqu’à celui des affects, pose des problèmes philosophiques et éthiques et mérite que l’on s’attarde sur ces enjeux ; et dans ces domaines, les artistes, experts et critiques tout à la fois, ont beaucoup à nous dire…et ce sera sans doute vérifiable dès demain si vous pouvez visiter cette expo.

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