La timeline Facebook et le miroir magique. Nicolas Sarkozy tire le premier

Un peu plus de quatre mois après l’annonce de Zuckerberg sur les nouveautés de Facebook, les équipes de Nicolas Sarkozy s’en sont emparées. Quel sera donc le rendement de l’initiative ? Si l’on parcourt la blogosphère, et le web en général, trois thèmes se dégagent

D’abord l’outil et le contenu : La timeline, c’est un outil de narration, de storytelling, qui peut donc raconter beaucoup de choses différentes, de la création poétique et artistique au CV (au sens large) qui sera probablement l’usage commun. Comme je l’écrivais dans le réseau comme autre et miroir, l’enjeu est de s’insérer dans la construction narrative de l’internaute en agissant sur son imaginaire, en lui permettant d’intégrer dans sa propre histoire, et donc son identité, les parcours et les discours qu’il est amené à construire lors de ses visites. Comme dans toute opération de communication, il s’agit de guider les flux émotionnels.

La timeline est donc un miroir de plus pour soi et/ou  pour les autres : Miroir, miroir, dis-moi, (dis leur) que je suis la plus belle ! C’est ce que demande chaque jour la reine à son miroir de vérité qui lui annoncera un jour que Blanche Neige est bien plus belle qu’elle. Mais la timeline, c’est plus que ce miroir de vérité. C’est le miroir magique connu depuis longtemps et qui, sous certains éclairages, révèle les images qu’il porte au dos ou, comme dans Harry Potter ou Schrek, les pensées profondes. Il y a donc toujours 2 lectures de cette timeline : Une lecture au premier degré et une lecture en creux qui dessine une autre vérité dans laquelle se bousculent les non-dits et les non-montrés. Aucun utilisateur ne peut échapper à ce double je. C’est la même démarche que nous tous effectuons dans la constitution de notre album photo et dans nos interventions on line. Une position désavantageuse, une photo compromettante, un événement dévalorisant ont vite fait de rester dans la boîte, voire de gagner la poubelle. Sauf que pour un personnage public, ces documents sont accessibles par bien d’autres sources. cette double lecture est abondamment soulignée et relativise l’impact du contenu.

Autre thème largement abordé : En innovant avec une timeline soignée sur Facebook, plus répandu et plus populaire et peut-être plus contrôlable que Twitter, le candidat (qui a concomitamment ouvert un Twitter) semble faire un bon coup en donnant une image de quelqu’un qui, comme Obama et ses conseillers, a compris le réseau, ce qui n’était pas évident au vu de quelques interventions y compris lors du dernier eG8. Il reste à souligner que la démarche communautaire ne va pas jusqu’au bout puisque le bouton j’aime est le seul disponible et que les commentaires ne sont pas autorisés. On peut comprendre que les besoins en modération qui auraient été nécessaires aient freiné les ardeurs. On en restera donc à une communauté verticale.

Enfin un thème de controverse : Facebook aurait-il favorisé N. Sarkozy en lui proposant bien avant ses concurrents une innovation encore hors ligne ? L’agence Emakina.fr, ex Groupe-Reflect (dont l’essentiel des effectifs est basé à Limoges, clin d’œil à la région où F.Hollande est élu), déjà en charge de la communication digitale de l’UMP, reconnue dans le monde du web2.0 puis communautaire, a t-elle utilisé ses liens avec Facebook (avec lequel elle a un accord de partenariat privilégié) pour proposer cette avant première ?

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