Communication et art numérique, Fred Forest, l’homme media N°1

© F.Forest, Traders Ball
© F.Forest, Traders Ball

Jusqu’au 31 mars 2013, le centre d’art d’Enghien présente L’HOMME MEDIA N°1, rétrospective des travaux de Fred Forest. Peu connu du grand public français, tant les médias et les vieilles institutions de l’art ignorent encore largement l’art numérique et peut-être, dirait Forest, sont en retard. Il est pourtant un des pionniers de la réflexion artistique qui a beaucoup à nous dire sur la société de l’information. Il est inspirateur et co-créateur du manifeste de l’art sociologique dans les 70’s puis, avec Mario Costa dans les années 80, de la théorie de l’esthétique de la communication.

Que nous dit-il en somme ? L’importance de la communication a, par de multiples canaux, des répercussions sur le sensible, l’éthique, le sociétal, le sociologique et la politique. cela amène à penser qu’elle modèle la sensibilité de notre temps. Pour toucher cette sensibilité, il n’y a aucune raison pour les artistes de s’en tenir à la matérialité du pigment, de la pierre ou du métal, alors que le présent et plus encore le devenir de nos sociétés sont déjà alignées sur l’économie de l’information et du virtuel. Il faut donc s’adresser à chacun avec les outils de son temps. Les artistes du numérique peuvent ici être des vigies (voir Mc Luhan).

La communication par la radio, la télévision, le téléphone, la vidéo, l’internet, et leurs hybridations est donc l’objet d’étude du travail de Forest depuis les années 60. L’essentiel étant d’être connecté (Be connected ! Facebook, Tweeter…), le contenu de cette communication devient, pour une large part, la communication elle-même. Chacun d’entre nous est un nœud multiconnecté d’un gigantesque réseau. Il s’agit donc d’explorer les liens, les données, les flux qui traversent l’espace de l’information, de mettre en évidence de nouveaux codes, faire surgir un système de signes et de symboles propres à cet environnement, de lui donner du sens, et de porter un regard critique sur la matière communication.

Fred Forest propose des dispositifs qui dévoilent l’essence de la technique (voir sublime technologique), qui attirent l’attention sur les canaux de communication et de diffusion. Comme pour de très nombreuses œuvres d’art numérique, la démarche se fonde sur les relations entre artiste, spectateur-interacteur et environnement. Les dispositifs interrogent et produisent une esthétique, l’esthétique de la communication, une esthétique d’événement. Depuis Parcelle-réseau, première œuvre internet vendue aux enchères à Drouot en 1996, en passant par la vente de temps, d’espace réseau et d’électrons et jusqu’à la caverne d’Internet d’aujourd’hui (participez à la version en ligne !), les oeuvres de Forest sont bien trop nombreuses pour être signalées ici – Voir son webmuseum – Voir aussi les articles de Slate et du Huffington Post …et l’homme media n°1 à Enghien.

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