Tecktonik des blogs : une communauté téléréelle ?

Impossible d’échapper à la Tecktonik, cette danse née dans des boîtes de musique électro. Les grands médias s’en font désormais l’écho, mais les ados, cela fait un certain temps déjà qu’ils savent par leurs MMS, You Tube, Daily Motion, Myspace ou leurs blogs personnels.

Ce qui est remarquable, c’est bien l’importance primordiale de ce mode de diffusion dans l’émergence de cette culture jeune. La culture participative que permet le réseau joue ici un rôle essentiel dans la propagation de codes physiques, vestimentaires et sociaux. A noter que la récupération du phénomène comme véhicule marketing et commercial n’aura pas tardé puisque Tecktonik est désormais une marque déposée. D’où l’insistance de certains groupes de jeunes rétifs à cette récupération à ne plus vouloir parler que d’electro dance.

Une deuxième caractéristique remarquable semble être la façon de pratiquer. Il ne s’agit plus de se défouler collectivement en boîte avant de se séparer, mais de se retrouver à l’extérieur, voire de constituer des équipes, des teams de quartier ou de lycée, ou même d’organiser des tournois, des battles (voir) dans lesquelles s’affrontent et s’exposent en stars temporaires deux danseurs (euses) dans une dimension esthétique. La création du sens n’est plus liée à ce qui est communiqué, au contenu, mais à la communication elle-même, à la possibilité de vivre l’expérience de l’échange et de la communauté de laquelle on peut être une star momentanée (on ne peut éviter de penser à la télé-réalité).

Cette communauté s’expose et s’agrège dans les réseaux sociaux et dans l’espace public, établissant ainsi un pont entre déterritorialisation et reterritorialisation. Les technologies domestiquées, celles du réseau, celles des musiques électro, deviennent une condition de la possibilité du rassemblement et réinstallent un espace de fête qui échappe, au moins dans un premier temps, aux injonctions. Derrière ce que certains ne perçoivent que comme un effet de mode, il y a là une illustration des mutations sociologiques liées au numérique.

Voilà, si j’ai bien compris, il me reste à répéter devant ma webcam avant de rejoindre l’esplanade du Trocadéro, Beaubourg ou la place du Châtelet un de ces samedis après-midi…

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3 comments

  1. Ouhlala, mais on débarque, chez Reflect ? La tecktionik a toujours été une marque déposée, en fait. Et la chose, à l’origine, si elle est née au Metropolis, s’est effectivement propagée dans un mélange on/offline très joyeux, utilisant la pratique sociale de sa cible (classe moyenne banlieue parisienne : skyblogs, youtube, dailymotion).

    Mais la tck, c’est déjà out. La reprise publicitaire de la chose par des marques exogènes au mouvement est consommée. La télé s’en empare. Le mouvement est déja en train de se scinder en des versions mainstream et des sous-mouvements. Adieu la tck !

    Ce commentaire a été repris sur le blog de l’agence groupeReflect-Emakina Group (lieu initial sur lequel j’ai publié ce billet)

  2. Fête ?
    pas sûr, moi j’y vois surtout « battle », facile à comprendre même pour un creusois de base. Du langage de jeu vidéo si on veut faire un paralléle avec le numérique, du langage social mais de combat, de marquage de teritoire, c’est pas du participatif la tecktonik : on danse l’un contre l’autre, pas l’un avec l’autre et y’a une vraie notion d’être le meilleur qui n’était pas dans la danse (hors de combat) jusqu’ici. Mutation oui, mais pas sûr qu’on soit dans le bon sens…
    Un des soucis de la construction des réseaux sociaux actuels, c’est qu’ils se modélent sur le même principe que la rue, le quartier de toutes époques : les uns contre les autres, village contre village, depuis la concurrence et compétitivité des grandes entreprises jusqu’aux danses de rue alors que le net, dans un rôle idéal, aurait du commencer à planifier tout cela… dommage.

    Ce commentaire a été repris sur le blog de l’agence groupeReflect-Emakina Group (lieu initial sur lequel j’ai publié ce billet)

  3. Peut-on d’ores et déjà solder le phénomène Tecktonik ? (élargi aux danses électro en général, Tecktonik prenant alors le sens d’un terme générique) L’éclatement du mouvement principal en sous-mouvements est-il l’indice d’une dissolution ou celui d’une certaine vitalité, d’une capacité à s’approprier le mouvement en dehors de sa dimension commerciale ?
    Après tout, comme le note une spécialiste comme Anne Petiau, sociologue des musiques électro à Paris5, (…et qui débarque elle aussi), la Tecktonik a des atouts. ( voir NObs : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2233/articles/a352678-la_tecktonik_danse_sismique.html) Elle est née au contact d’une musique particulière, d’une culture particulière et dans des lieux déterminés, tout comme le rock ou le hip hop, même s’il y a une marge que je ne franchirai pas davantage qu’elle quant à lui prédire un avenir comparable.

    La récupération du phénomène par des marques exogènes au mouvement en signe-t-elle la fin ? Cette ambivalence associant industrie et développement autonome avait déjà été notée par Edgar Morin dans l’émergence de cultures jeunes, à propos du rock. Cela empêche-t-il un développement parallèle, en s’appuyant particulièrement sur les usages d’Internet ?

    Alors out, ou en évolution ? Mode fugace ou phénomène plus durable ?
    Je persiste à penser que l’on manque de recul pour répondre. Concernant la marque Tck (…qui est bien déposée depuis le début, mea culpa,…mais élargie au monde depuis sept 2007 seulement), il semble bien que de nombreuses entreprises y croient (voir Le Monde 16/01 : http://www.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2008/01/16/tecktonik-la-danse-tck-la-marque_999930_3238.html#ens_id=628867). Alors adieu la Tecktonik ? Peut-être, mais au delà de son exploitation marchande, le véritable intérêt du mouvement réside dans les possibles développements parallèles s’inscrivant toujours dans les pratiques sociales de cette génération et qui pourraient en assurer la poursuite et le renouvellement, y compris sous d’autres noms.

    Ce commentaire à été repris sur le blog de l’agence Groupe Reflect-Emakina Group (lieu initial sur lequel j’ai publié ce billet)

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